Le marronnage est un geste de résistance et de fugue de personnes déporté.es et mises en esclavage, pour retrouver la liberté et réinventer des sociétés nouvelles, pour reconstruire une histoire, une culture à travers des savoirs ancestraux et des pratiques qui se repensent en fonction du territoire de refuge : montagne, forêt, marais ou lagunes.

Cette pratique ou pensée trouve sa genèse en Afrique, se développe dans les Caraïbes, les Antilles ainsi que dans les Amériques. Elle ressurgit et s’exprime dans des rites, comme les Léwoz en Guadeloupe, de pratiques culturelles comme la capoeira du Brésil ou le Moringué dans l’Océan indien. A travers le marronnage, transposé dans notre siècle et notre société il s’agit de reconstruire des formes d’identités personnelles et sociales, hors d’un regard occidental qui invisibilise et contraint dans les marges. 

Pour ma part, ce sont les projets artistiques que j’ai menés depuis une quinzaine d’années, dans l’Ouest guyanais qui m’ont permis de comprendre la portée du marronnage, avec la communauté des bushinengués. Mes recherches consistent à mettre en lumière ce pan de l’Histoire occultée et mésestimée et de la mettre en relation avec l’actualité.

Mener ces recherches sur le marronnage et ses traductions culturelles actuelles, répond à une nécessité de relier ces savoirs et cette richesse historique aux cultures de rue et de la marge comme les street dances ou les cultures noires.

J’en viens à nommer cela la “Puissance de la rue” que je souhaite mettre en parallèle avec la puissance de la forêt, concept que développe le philosophe Dénètem Touam Bona.